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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 22:18
collée au mur

Je me suis permis, pour que ce texte ne vive pas la manifestation du 31 octobre 2015 comme une mort, de le conjuguer au passé, et afin qu'on puisse le lire depuis maintenant.

Merci à « la bande à crossroads », une pensée à ceux qui dans l'histoire, trop nombreux, et plus loin sur le chemin, tombèrent sous le coup de la race, roulant dans deux fossés à la fois.

Lettre ouverte à ceux qui pensaient que participer à la Marche-de-la-dignité-contre-le-racisme-avec-le-soutien-d’Angela-Davis n’ était pas un problème.

Vous aviez peut être prévu d’aller marcher avec dignité contre le racisme le 31 octobre prochain en répondant à l’appel porté par Amal Bentoussi. Vous n’aviez peut être pas prêté particulièrement attention au fait que cette initiative avait été lancée par le Parti des Indigènes de la République ou vous aviez renoncé à prendre en compte ce que cela signifiait. L’appel lui-même se donnait d’ailleurs l’air assez normal et évitait les formules choc dont le P.I.R. s’est pourtant fait une spécialité. On pouvait tout de même y relever l’énumération significative des « Noirs, Arabes, Rroms et Blancs des quartiers » (fausses évidences et vraies assignations identitaires, dont la dernière est une nouvelle née des sept familles de la racialisation) et tant pis pour les prolétaires, « des quartiers » ou pas, qui ne rentrent pas dans ces catégories, les débordent ou tout simplement les refusent. L’appel du meeting de préparation à Saint Denis nous replaçait clairement sur les terres du P.I.R., qui ne laissent comme terrible horizon que la religion et la race, puisqu’on y dénonce les « discriminations systémiques », avec la mise en avant de 3 catégories prioritairement discriminées : les « musulmans », les « Noirs », les « Rroms ».

De l’habituel racisme au singulier contre lequel on proposait de marcher dans le titre, on passait, à la fin du texte d’appel, aux racismes au pluriel, déclinés ainsi : « l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie galopantes », il ne manquait que l’évocation du « philosémitisme d’état » pour retrouver à l’identique les déclarations plus que contestables de la porte parole du P.I.R., à Oslo par exemple. D’ailleurs, dans la présentation des signatures de l’appel on a séparé et on a hiérarchisé les « femmes racisées », puis les stars et « personnalités », puis les « associations de racisées », enfin les « soutiens » qui sont les personnalités et groupes non racisés ou qui n'ont pas été cités à ce titre.

On marchait donc ce jour-là pour la promotion d’un anti-racisme repeint aux couleurs de la race.

Effectivement, cette marche n’ était pas une promenade de santé, c’ était une étape dans l’avancée d’un projet politique en cours.

• Il s’agissait pour les initiateurs de se poser en médiateurs universels détenant le monopole des réalités des banlieues et des quartiers populaires, mais aussi de la question des migrants, pour polariser la conflictualité qui peut y prendre place à travers un filtre racial et judiciariste.

• Il s’agissait aussi d’une tentative de récupération à la portée bien plus large que celle que SOS Racisme a opéré dans les années 80, et s’en inspirant sans doute : on s’est approprié ici ouvertement la marche de 83 bien sûr, mais aussi les émeutes de 2005, et au-delà, l’ensemble de l’héritage des luttes immigrées, que ce soit sur les questions des papiers, du travail, du logement, ou sur d’autres terrains, qui court sur plusieurs décennies.

• Il s’agissait donc de la construction d’enjeux politique autour de la question raciale avec l’approbation de la présence de personnalités plus qu’infréquentables, officiellement signataires de l’appel : par exemple Tariq Ramadan, ambassadeur des frères musulmans (dont le Hamas est une des branches), Médine, connu pour ses quenelles de soutien à Dieudonné et sa proximité avec le commercial raté antisémite du suprémacisme noir Kémi Séba, Ismahane Chouder de Participation et Spiritualité Musulmanes, groupe qui a appelé à la « Manif pour tous » et qui a partie liée avec l’assassinat de militants d’extrême gauche au Maroc dans les années 90, et bien sûr Saïd Bouamama, collaborateur régulier du pro-négationniste Michel Collon, et Houria Bouteldja, porte parole du P.I.R., coutumière des plateaux télé, de l’éloge de la famille, de l’ordre et de l’obéissance aux structures communautaires et à la religion, ainsi que des invectives antisémites, contre le métissage, homophobes et sexistes.

On ne marchait donc pas ce jour là seulement avec la dignité, mais aussi avec ses nouveaux amis. Dieudonnistes, panislamistes, protofascistes religieux : la dignité a de bien mauvaises fréquentations en ce moment, sans même parler de ceux qu’elle ne présente pas le premier soir.

Nous sommes de plus en plus nombreux aujourd’hui d’horizons relativement variés, révolutionnaires, anarchistes, communistes anti-autoritaires, militants, entre autres, des luttes de l’immigration, épris sans doute davantage d’émancipation que de dignité et de justice, à s’opposer à la récupération en cours et à refuser la proposition politique portée par cette initiative.

Le 31 octobre, même du pied gauche, qui marchait dans cette combine ?

Note du traducteur de temporalité, et jusqu' à quand, jusqu' à quoi ?

« We're all in it together, kid »

texte d'origine (sic) : http://www.non-fides.fr/?Lettre-ouverte-a-ceux-qui-pensent

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nonsstops@riseup.net

 

Avant...

« Ce pouvait être vrai que le niveau humain fût plus élevé après qu'avant la révolution. La seule preuve du contraire était la protestation silencieuse que l'on sentait dans la moëlle de ses os, c'était le sentiment instinctif que les conditions dans lesquelles on vivait était intolérables et, qu'à une époque quelconque, elles devaient avoir été différentes."

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